Une nouvelle oasis pour les espèces menacées
Retrouver le passé humide du site
Le site est situé dans la zone inondable de l’Ill, au lieu dit Werb, entre le Hanfgraben et la digue des hautes eaux, au sud du village de Muttersholtz.
La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a reconstitué l’histoire de cette zone d’environ 3 hectares dans ce document. Au 18ème siècle, celle-ci était un pâturage extensif et le Hanfgraben se situait à l’emplacement actuel de la digue. Ce cours d’eau a été détourné de son lit à la fin du 19ème siècle pour emprunter le tracé qu’il suit actuellement. Le lit fossile de cet ancien cours d’eau reste présent sur le site et constitue une légère dépression qui est bien visible en période de fin d’inondation, où l’eau reste présente plus longtemps.
Jusqu’au début des années 1980, l’ensemble de la parcelle est restée en pâturage/prairie de fauche. Au cours des années 1980, elle a toutefois été labourée pour y semer du maïs. Au début des années 2000, l’ouest de la parcelle a été ressemé en prairie intensive avec une diversité florale très faible et un rythme de coupe assez élevé.
Au centre, la zone la plus humide n’a plus été cultivée ce qui a engendré la pousse de la haie encore visible aujourd’hui. A l’est de cette haie, au pied de la digue, la surface restante a été attribuée à des chasseurs qui y ont cultivé du maïs pour servir de « refuge » à gibier. Lors de l’adjudication de chasse de 2014, la commune a récupéré cette parcelle pour un futur projet écologique. Afin d’avoir une vision globale sur l’ensemble du site et de permettre un projet plus cohérent, la municipalité a également discuté avec le locataire de la prairie située à l’ouest de la haie. Elle lui a proposé en échange de faucher la prairie écologique restaurée sous la ligne haute tension dans la forêt de la Hardt.
Le foncier étant désormais disponible, les élus ont souhaité entreprendre des études avec, comme idée principale, de remettre en eau l’ancien bras du Hanfgraben et d’accentuer le caractère humide de cette zone et d’en faire un réservoir de biodiversité conformément aux grands principes de la trame verte et bleue définis dans l’atlas de la biodiversité communale.
Les zones humides en disparition au niveau mondial et au niveau local
C’est un fait malheureusement avéré et vérifié: malgré leur importance capitale, les zones humides continuent de disparaître dans le monde et en France. Elles apportent pourtant des bénéfices innombrables: réservoirs de biodiversité, halte pour les oiseaux migrateurs, régulateur du climat et des inondations…
La France s’est engagée à protéger ces zones humides au travers de la convention de Ramsar.
A Muttersholtz, la plaine inondable de l’Ill de même que la nappe phréatique rhénane qui lui est associée sont reconnues et protégées au niveau européen par NATURA 2000 et au niveau local par la commission locale de l’eau (CLE) Ill-Nappe-Rhin. Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux ( SAGE) incite d’ailleurs à la protection et la reconquête des zones humides.
Si les inondations reviennent à un rythme régulier chaque hiver à Muttersholtz le phénomène qui, malheureusement, s’accentue avec les années est celui de la sécheresse estivale et automnale. En été, les cours d’eau s’assèchent et la faune aquatique, oiseaux et batraciens, ne trouvent plus de refuge pendant plusieurs semaines. Il est donc vital de multiplier les sites qui restent en eau toute l’année, même en zone inondable. Avant de commencer les travaux, il était toutefois nécessaire de dresser un état des lieux écologique.
Des espèces rares identifiées
Les enquêtes écologiques menées sur place ont révélé la présence de nombreuses espèces communes mais également la présence de deux papillons rares, l’azuré des paluds et le cuivré des marais. Ces deux papillons sont présents en Alsace dans les zones humides gérées de manière extensive. En effet, des prairies trop artificielles et fauchées de manière trop précoces ou trop régulières ne permettent pas le développement des plantes qui permettent la reproduction de ces papillons. La présence de ces deux espèces a donc conduit la commune et le bureau d’études SINBIO a proposer un aménagement qui non seulement préserve les populations existantes mais leur permettre aussi de se développer sur l’ensemble du site. La conception de la zone humide a donc été pensée en fonction de la topographie du terrain naturel d’une part (dans la partie la plus basse de la zone humide) et en fonction de l’endroit où les papillons ont été repérés, pour éviter la destruction des populations et de leur habitat. La partie en « friche » devait initialement être décapée pour renforcer son caractère humide. Elle a finalement été seulement réensemencée, avec un mélange de semences locales riches en fleurs, afin la maintenir ouverte.
Une gestion agricole favorable à la biodiversité
La commune souhaite maintenir le caractère agricole du site. C’est pourquoi l’ensemble des aménagements ont été pensés pour permettre la fauche de la parcelle. Les remblais issus du creusement de la zone humide ont été disposés au sud du site et constituent une petite colline qui pourrait accueillir, à terme une flore typique de milieux secs. Ce petit talus ne devrait toutefois pas constituer une gêne pour la fauche car des pentes douces ont été réalisées.
La gestion qui sera mise en œuvre sera adaptée aux enjeux écologiques du site: fauche tardive et unique, zones refuges…
Les berges de la mare ne sont pas ensemencées. Une végétalisation spontanée devrait se mettre en place naturellement dès le printemps 2021.
Découvrez le film du projet:
Investissements | Financements | % | |
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Etudes et maîtrise d'oeuvre | 21 000€ | ||
Travaux | 65 000€ | ||
AMI TVB (Région et Agence de l'eau) | 68 800€ | 80% | |
Commune de Muttersholtz | 4 200€ | 5% | |
Fondation du Patrimoine | 13 000€ | 15% | |
TOTAL | 86 000€ | 86 000€ |