Un village où se rencontrent trois religions
Jusqu’en 1940, le village de Muttersholtz était triconfessionel. La population de Muttersholtz a massivement suivi la Réforme au seizième siècle, suivant en cela le seigneur local, de la famille Rathsamhausen. L’église catholique a donc été convertie en église protestante mais les populations catholiques ont pu continuer à pratiquer leur culte suivant les modalités du simultaneum jusqu’à la construction d’une nouvelle église catholique au dix-neuvième siècle.
Une communauté juive existe depuis longtemps à Muttersholtz. Elle était florissante et comptait jusqu’à 10 % de la population au milieu du dix-neuvième siècle. Elle disposait de bains rituels, d’une première synagogue, de commerces et d’une fabrique de pains azymes, à l’origine de l’entreprise Heumann. La commune est même devenue siège de rabbinat. La nouvelle Synagogue, construite en 1837 accueillait donc les juifs de tout le secteur jusqu’en 1866, année du rapatriement du rabbinat à Sélestat.
Cette harmonie a été brisée par l’annexion de l’Alsace au troisième Reich en 1940. Après la guerre, la communauté a été décimée, la Synagogue désacralisée et revendue à la société de Gymnastique puis reprise par la commune qui l’a récemment rénovée pour en faire un bâtiment BBC.
Aucune trace visible ne subsistait donc dans l’espace public, aucun lieu ne permettait d’honorer la mémoire des victimes et de rappeler l’existence même d’une communauté juive à Muttersholtz.
Les Stolpersteine, des traces visibles dans les rues de Muttersholtz
Partant de ce constant, la municipalité a souhaité s’inscrire dans l’oeuvre de l’artiste Gunter Demnig qui a inventé et promu le concept de Stolpersteine, des pavés de mémoire honorant les victimes sur leur dernier lieu d’habitation libre. Une petite vidéo de Karambolage permet de présenter le concept. Celui-ci permet de rappeler qu’avant d’être des victimes, ces personnes faisaient partie d’un village et d’une communauté. Le principe est également que chaque pierre soit parrainée par une personne ou par une institution qui s’engager à les polir une fois par an, leur surface de laiton ayant naturellement tendance à griser avec le temps.
Découvrez l’artiste à l’oeuvre lors d’une de ses poses:
Les enfants de l’école au cœur de la transmission
La commune a fait appel à un historien local, Christophe Woehrle, pour reconstituer le parcours des familles de Muttersholtz mortes en déportation. Il a ainsi pu retrouver 27 personnes qui ont été honorées lors d’une émouvante cérémonie le 30 avril 2019. L’école élémentaire de Muttersholtz a parrainé plusieurs pavés et reviendra chaque année pour les polir.
France 3 a consacré un reportage a cette journée:
Passants, touristes, habitants, parcourez les rues du village à la recherche de ces pavés, en souvenir de ces personnes ayant fait partie de notre communauté.
TV2COM a aussi consacré un reportage à cette journée et plus particulièrement à l’intervention de l’école élémentaire.
Si vous voulez découvrir les Stolpersteine de Muttershotlz, elles sont presque toutes situées autour de la Salle des Fêtes/Ancienne Synagogue. Si vous souhaitez un plan détaillé, vous pouvez passer en Mairie pour l’obtenir.